Mariage

L’analyse du parcours matrimonial

L’analyse démographique classique apporte de précieuses informations sur la formation des unions comme l’âge au premier mariage qui renseigne sur la précocité des unions ou l’écart d’âges entre conjoints qui est un des instruments de la subordination des femmes. L’analyse biographique permet de compléter ces informations en introduisant la durée des unions, la complexité des itinéraires matrimoniaux et les interactions avec d’autres événements. Dans la plupart des capitales, les hommes en situation de précarité (apprentissage, chômage) connaissent un net ralentissement de leur rythme d’entrée en union. (Antoine, 2002;

Les enquêtes de Bamako en 1992, de Lomé en 2000 et du Mali en 2000, ont par ailleurs permis de saisir des informations sur les différentes célébrations du mariage (traditionnelle, religieuse et civile) et du coup, grâce à la datation de ces célébrations, de mettre en exergue les modifications qui ont pu apparaître dans le temps en ce qui a trait à l’importance et la séquence des multiples marqueurs d’un même mariage. Si la cérémonie dite « civile » ne concerne qu’une faible proportion de la population qui se marie, les analyses produites ont pu révéler chez les jeunes générations « une tendance à espacer les célébrations, tout en privilégiant celles qui sont socialement les plus importantes, la religieuse et la coutumière » (Marcoux et al., 1995, ). Toutefois, dans un contexte de difficultés financières, on observe que la célébration religieuse devient la porte d’entrée au mariage ; la célébration coutumière nécessitant la mobilisation de fonds importants (cadeaux, dons, etc.) que le futur époux et sa famille semblent avoir de plus en plus de difficulté à réunir.

Les enquêtes biographiques permettent de bien mettre en avant que les difficultés matérielles (problèmes d’emploi, de logement et de constitution des prestations matrimoniales) sont les principaux facteurs du recul de l’âge au mariage (Kuépié, 2002 ; Antoine et al., 1995 ; Marcoux et Piché, 2001). Mais elles s’avèrent aussi riche d’enseignements sur d’autres aspects des itinéraires matrimoniaux.

Les enquêtes biographiques ont bien mis en évidence l’importance du divorce (plus d’un mariage sur trois à Dakar, une union sur quatre à Lomé, Antananarivo ou Yaoundé) (Antoine et Dial, 2005 ) et l’intensité du remariage. La modélisation du risque de divorce fait apparaître certaines tendances fortes rencontrées dans toutes les villes.

C’est un des apports des analyses biographiques que de montrer l’ampleur sous-estimée du divorce et les répercussions de la précarité sur les itinéraires matrimoniaux. D’autres analyses sont également possibles qui font intervenir entre autre la mobilité sociale au cours de la vie de l’individu.