Multi évenements

L’analyse multi événements

Partant du principe que chaque type d’événement biographique est potentiellement un déterminant d’un autre type d’événement biographique, l’équipe de Nairobi a tenté d’analyser l’influence réciproque de quatre événements biographiques majeurs, qui marquent l’entrée dans la vie adulte : le premier accès à l’emploi, le premier accès à un logement indépendant, le premier enfant et la première union (Agwanda et al., 2004, 2006).

La crise de l’insertion professionnelle s’est faite sentir surtout dans les années 90 et a affecté plus la minorité de non-migrants que la majorité migrante. Il semble même que la minorité non-migrante a réagi à cette crise non pas tant par un retard au premier emploi que par un retard généralisé de la constitution de la famille (union et conception), comme généralement dans les autres capitales africaines.

L’analyse, à l’aide de modèles de régression, des influences réciproques des événements marquant l’entrée dans la vie adulte montre que l’accès et la qualité de l’emploi sur-déterminent l’insertion résidentielle et la constitution de la famille chez les hommes. L’insertion urbaine des hommes est très sélective et se fait sur la base de l’insertion professionnelle (Figure 2 téléchargeable). Chez les femmes, l’insertion se fait avant tout par leur rôle de mère ou de conjointe, contrairement à ce que le caractère moderne de la ville de Nairobi aurait pu laisser croire, tout au moins en comparaison des autres capitales où des enquêtes biographiques ont eu lieu (Figure 1 téléchargeable). La dépendance économique des femmes est flagrante non seulement par rapport aux hommes mais par rapport à la famille en général (Agwanda et Bocquier, 2004) Le potentiel économique des femmes, qui s’est amélioré grâce à l’éducation, n’a pas remis en cause le modèle d’insertion économique, dominé par les hommes. La main-d’œuvre féminine aurait constitué la variable d’ajustement principale des entreprises qui ont eu à faire face à la crise des années 90, de sorte que le taux d’activité des femmes a même diminué depuis les années 80 (Bocquier, 2005).

D’après les analyses de régression, les différences de genre apparaissent plus importantes que les différences selon le statut migratoire ou selon la génération identifiée par l’analyse descriptive. Ni l’analyse transversale, ni l’analyse longitudinale descriptive, n’auraient permis à elles-seules de comprendre les relations causales entre événements. Par exemple, chez les hommes migrants, le fait d’obtenir une résidence indépendante n’a pas d’influence sur la probabilité d’entrer en union, contrairement à ce que peut laisser croire l’ordre des âges médians à la première résidence indépendante et à la première union. De la même façon, la première grossesse a un effet positif sur la première union des femmes migrantes, mais aucune sur leur entrée dans la vie active, bien que l’âge médian de cet événement soit postérieur à l’âge médian à la première grossesse.